L’Islande

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Rider/Texte : Bruno Garban ::
Photos : Xavier Ferrand ::

Le road trip :

Le zinc se pose à Reykjavik, sur un bout de terre plate et cramée sans trop de végétation. L’ambiance volcanique est toute de suite posée. Le parking de l’aéroport est baigné de soleil, balayé par un bout de zef qui fleure bon les embruns, la pêche à la ligne le whisky écossais en terrasse d’un pub mais sans la neige. D’ailleurs, pas l’ombre d’une colline à rando à l’horizon.

Comme toujours on est partis sans regarder la carte, on sait qu’on a rendez-vous dans six heures de voiture beaucoup plus au nord.

La destination, c’est un bout de montagne au Nord de l’Ile, à deux trois encablures d’un village qui s’appelle Dalvik au fin fond de la péninsule des trolls. Dans cette péninsule tout part du niveau de la mer, pour s’élever vers 1500 m d’altitude. Ici c’est moins pointu que les Alpes de Lyngen mais il y a largement de quoi jouer.

On est seuls sur cette route de bout du monde, la lumière se rapproche, on a sans doute fait le bon choix, une ferme, un hangar et quatre maisons récentes sont posées là, les hélicos sont aussi posés à proximité on est à destination au lodge de Arctic Heliskiing.

Il est tard, on nous précisé que notre appartement est dans la maison n° 4. Nous voilà posés, demain y fera jour, j’aime l’idée d’arriver la veille en pleine nuit sur le spot sans percevoir les alentours.

Rando avec vue sur mer

Comme le dit le dicton, qui n’a pas de place dans l’hélico fait de la rando. Qu’à cela ne tienne on vise la carte, un bout de relief en bord de mer et on branchera les peaux. La route, y en a qu’une, les villages passent et se ressemblent, des maisons colorées peu importantes sont posées face à la mer, tout est très calme, propre, pas d’ordures en tout genre au bord de la route, on est tellement bien.

Olasfjordur est un village de pêcheur à l’ouest de l’autre côté de Dalvik. Grande plage sable noir et spot de surf bien connu. Ici personne au peak, Igor est resté à Hossegor.

Posés au port, on avise la fin de route de l’autre côté du fjord. Une belle face nous tends les bras, y a plus qu’à…

Les faces sont blanches fraichement poudrées, en bas l’océan est bleu foncé, les lumières sont d’une pureté folle. Les croisillons s’enchainent régulièrement à la montée. L’esprit s’évade et vagabonde dans les paysages alentours, la côte est découpée proprement dans une ambiance bout du monde. Chaque combe et couloir arrive à la mer, on imagine facilement les centaines d’autres lignes à rider, du couloir bien raide ici, du grand ski dans la combe d’à côté.

Vue plongeante sur les fjords, les odeurs de neige et d’embruns le tout au bord du début d’un run de bout du monde. Plus qu’à enrouler près de 900m de dénivelé suspendus au-dessus du fjord ce moment-là, tu le savoure, tu t’appliques à le vivre à fond.

Ambiances

L’après ski se fait comme à son habitude une tartine de houx blond en main dans le salon de débriefing de la Ferme. C’est un endroit très cosi avec des canapés profonds, bardé de cartes en relief, des bouquins de toutes les montagnes du monde, des souvenirs de montagne, de vieilles lunettes, des photos, un bout de sac à dos. Ici respire la passion pour la montagne.

J’aime ce moment où chacun raconte sa journée à sa façon, selon son ressenti. C’est un moment très particulier et subjectif ou chacun raconte son vécu de la session du jour avec des étoiles dans les yeux.

Visite des environs et run du soir

Jökull Bergmann est le fondateur d’Arctic Heli Skiing. JB comme on le surnomme est ici chez lui. C’est un grand gars mince sec comme un guide, un montagnard. Très calme et charismatique, jamais un mot superflu ni plus haut que l’autre. Très bienveillant et altruiste, il porte attention à tous ceux que nous sommes.

On passera une journée complète avec lui, il nous a fait découvrir son coin comme si on était ses potes. Entre le petit troquet de Dalvik et sa soupe de poissons que même la bouillabaisse joue en seconde division, le petit village de Siglufjorour, de Olafsfjorour, le phare de Saudanes surplombé par les couloirs dans lesquels il a guidé les Andreas Franson et autres pointures du freeski.

La journée est belle, il a posé 30cm de poudre cette nuit. Je t’avoue que, comme tout skieur, cette promenade si cool soit elle, commence à faire naitre un léger sentiment de frustration dans mon fort intérieur. On est sur le retour à la ferme, JB est resté en contact avec ses équipes de déposes toute la journée, nous on a rien compris à ce qu’il racontait car on parle Islandais comme si Trump était écolo. Bref, on arrive à la Ferme et JB nous dit qu’un hélico va « refueler » qu’un guide est dispo et qu’on a 5 minutes pour être prêts…

La machine nous arrache du sol, depuis la cabine se dessinent ces faces gavées de poudre. Une immensité de petites montagnes d’environ 1000-1500 m, de toutes déclivité, des couloirs, des bowls, des glaciers, à perte de vue. Deux minutes plus tard, nous voilà posés au sommet du « Cheval », le run qui surplombe la Ferme. Ici les 30 de fraiche se sont posés sur les 40 des jours précédents….

Le run frise les 1000m et on déchaussera devant la maison. Plus un bruit. Il fait frais, un peu de vent laisse une rafale de paillettes de neige flotter dans la lumière qui n’en finit pas de tomber.

La poudre est légère, on ne sentira rien sous les spatules, juste la sensation de planer en direction de la bière et du jacuzzi. Merci JB pour cette journée parfaite et mémorable.

Galerie photo du trip …

Pratique 

Vol :

Notre trajet : Annecy – Paris en train puis Paris Reykjavik.

Pour une fois simple efficace rapide et pas cher. Le billet d’avion nous est revenu à environ 300 € par personne avec un sac cabine, + sac de voyage + housse à ski (2 paires + du matos) compagnie woo airlines

Passeport :

Pas besoin de visa, toujours vérifier que le passeport soit encore valable plus de six mois après ton retour.

Pognon :

Même si tu t’es bien senti en Europe jusqu’en Islande, et ben t’es pas en zone Euro, il te reste donc à changer quelques talbins en couronne Islandaise. A l’heure où je te parle, le change : 1 couronne Islandaise = 80 centimes d’euro.

Dormir :

Airbnb est carrément pratique pour ce genre de trip.

Manger :

Ici la nourriture est plus chère, alors toi le randonneur, l’amateur de barre énergétique en tous genre je t’encourage à prendre quelques unités dans ton sac, si tu ne veux pas te trouver obligé de te sustenter à la morue séchée et à la viande de renne trafiquée.

Nous on a chargé la voiture de bière et de graines à Reykjavik Tromso l’histoire d’avoir un fond d’alimentation à disposition.

Boire :

Sans taper dans la quille de vodka, et autres alcools forts incompatibles avec notre condition physique de Killian Jornet, en Islande tu trouves de la bière à tout va, les canettes sont de couleur différentes mais on a le sentiment de boire un peu la même chose à très faible degré d’alcool.

Topos :

Des topos on doit sans doute en trouver sur les sites de rando, (skitour, camptocamp et consorts) plein de gens font des reportages circonstanciés, il faut juste noter que bien souvent, ils sont redescendus par là où ils sont montés, (merci encore à eux mais surtout faites gaffe quand même par là ou vous descendez). Se procurer un topo guide avant de partir. Même si certaines rando se font à vue, le topo permet d’aller gratter mais aussi d’estimer la durée de la rando selon l’évolution météo, on est proche de l’océan et ça bouge très rapidement.

Bouger :

Louer une voiture : on est passé par un loueur du marché, réservée avant ça te permets de bouger directement de l’aéroport pour te poser et venir rechercher tes bagages (cf §bagages). On a arpenté le spot en SUV 4×4 c’est indispensable en cas de tempête de neige qui te ferai disparaitre aussi ce type de bagnole nous a permis de caler tout notre matos.

Sécurité :

Si tu n’as pas de guide, tu dois être encore plus vigilant, outre le matos de sécu triptyque, il te faut un portable avec batterie de rechange. En rando (sauf à ce que décides de monter sur du plat) tu es plus exposé au danger, notamment à la montée. Tu dois en permanence checker ton itinéraire de montée, la rando c’est chouette mais tu dois tout le temps observer la montagne et ne jamais débrancher, reluquer la neige, les endroits exposés. Le choix de l’itinéraire est primordial.

Stabilité :

Partout dans le monde la neige est un élément insaisissable, donc à toi de checker la météo, les conditions, à toi d’essayer d’évaluer la stabilité à la montée comme à la descente, voir ce que te racontent les crêtes, ce qu’a sculpté le vent sur la neige et dans quel sens, nous n’avons pas eu de mauvaises surprises, les guides de Arctic Heli Skiing ont été très pro et très prudents.

Nous avons trouvé des conditions de neige très différentes selon qu’on se rapproche de l’océan on ou que l’on se trouve dans les terres. Lors de notre trip, l’intérieur était poudreux et les faces côtières très ventées.

En cas d’embrouille

Le 112 fonctionne c’est l’applicaiton 112 Iceland

Penses aussi à souscrire une assurance rapatriement.

Adresses utiles :

https://www.arcticheliskiing.com/en

Remerciements :

Jökull Bergmann, Arctic Heliskiing

A la mémoire d’Erik Guertzenstein