Turquie – Ride express

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Hiver 2011, un hiver compliqué qui peut se résumer à la question suivante ridera de la poudre ou non ???

Constat
Devant ce constat des questions se posent inévitablement.
Fin d’un cycle abondant en poudre ?

La poudre, une bonne drogue dès lors qu’elle tombe du ciel et qu’elle se glisse avec une bonne paire de fat…
La poudre, celle qui te poursuit pour même se retrouver au centre des conversations une bonne partie de la saison.
Eh ben cette poudre elle était bien là, mi-décembre, la saison commençait par quelques sessions anthologiques. Celles où tu te prépares, tu appelles tes potes la veille, celles où tu te lèves tôt le matin sans trainer, quittes à être sur le spot une heure avant. Celle qui fait que tu ne vas rien lâcher jusqu’au traçage absolu de tes spots préférés ; celle aussi qui fait que tu peux facilement manquer de lucidité au départ d’une face qui te parait belle et qui te tend sa virginité. Cette session il n’y en a pas eu 10 lors de cette saison, il y en a eu juste une bonne grosse qui nous a bien cramé les cuissots, mais qu’importe, même si on y arrivait plus, valait mieux se faire mal, au cas où il n’y en ai finalement qu’une seule dans la saison, tout était bon à prendre comme si on allait manquer …

Comme si on allait manquer….
Ce jour-là, ceux qui ont tracé toute la journée jusqu’à plus soif s’en souviendront toute leur vie, d’autant que trois jours plus tard, un sale coup de sud allait tordre tout le manteau neigeux, le rendant insuffisant et dangereux pour le reste de la saison. On pourrait ainsi résumer cette pauvre saison 10/11 ou tout fut très compliqué.

Un pré bilan sur la saison de pêche à la mouche de Flo Cuv qui s’annonce euuuh un poil sèche cause que y a pas eu de flotte sous forme de neige dans les montagnes cet hiver,
Un bilan sur la quille de pif à 18€/20° qui nous a été servie dans une cantine de piste coté trois vallées.

Fallait bien y faire
Poussés par la dépendance de poudre, coincés par le temps et attirés par un brin d’exotisme, on s’est fait une session express en Turquie, à l’est de Trabzon, en direction des frontières arméniennes et géorgiennes dans le massif du Kaçkar. Le plan est bon, on dispose de prévisions fiables et d’un historique de manteau neigeux tout est en place pour un petit « Ayder Express » qui sent bien bon la poudre : récit.

Cette fois ci çà part sur un coup de fil, il y a une fenêtre de trois jours de beau et de la poudre en Turquie pour un plan hélico, possibilité de prendre un billet d’avion au dernier moment avec une assurance annulation en cas de changement météo. Tout semble relativement sûr pour viser juste et changer d’air car en France, tout semble complètement et définitivement frelaté.

A vu de nez le trip est juste une session un peu loin car tout est assez verrouillé, peu de place à l’aventure en tant que tel, mais juste un express, cet express qui te permet tout au moins de perdre le contact avec l’ordinaire et çà c’est bon.

Istanbul
Istanbul airport, la vitrine de la Turquie un savoureux mélange des genres, un lieu ou se côtoient l’Imam en tenue de boulot au stand du cireur de pompes à l’ancienne et « l’homme pressé » un portable greffé à l’oreille en train d’acheter une quille de whisky dans les immenses rayons des rutilants magasins de vente d’alcool et de cigares genre barreaux de chaise roulés sous les aisselles en provenance directe de chez Fidel.

Un tour en ville pour tuer le temps on s’enquille dans le tacos de Mehmet, pour un rapide tour de Istanbul, on est en plein mois de mars et à 22H, çà brasse sur la route, on file en direction d’Eminonu, à droite la mer de Marmara, sur les quais, du marché aux poissons avec des étales magnifiques où le beau et le bon prennent tout leur sens. On enchaine ensuite en direction du pont d’Ataturk, un simple pont bardé d’une forêt de pêcheurs à la ligne qui s’agitent et taquinent du mulet. En contrebas sont installées des espèces de gargottes-snack où on mange du kebab de poissons cuits sur des bateaux barbecues juste après avoir été sortis de l’eau.

Aux abords du pont, une place ou ça vend du beignet, des poissons et toutes sortes de choses un peu comme à la plage du Prado en pleine saison estivale. Au dessus de toute cette effervescence trônent tranquillement les mosquées de Mehmet le conquérant, de Gul et du Sultan Yavuz Celim, éclairées comme il se doit, l’endroit est assez incroyable.

Trabzon une ville dont on connait que l’équipe de foot.
2h du mat on sort de l’aéroport bardés de housses de matos, là, deux gars nous attendent avec une pancarte sur laquelle figure notre nom, derrière eux, un van dont le moteur tourne, des lucioles bleues sont allumées dans le poste de pilotage, l’impression de remonter dans un avion…

Les gars sont très largement gominés du cheveu, sapés avec un blouson de cuir noir, jean et pompes à spatules du genre Néné et Jésus dans l’excellent film « Les démons de Jésus », (pour ceux connaissent, pour les autres, je recommande).

Le van démarre tranquille puis se met à enquiller à une vitesse folle sur une sorte de route nationale qui borde la mer noire, on double des voitures de flics à fond, on manque d’écraser des chiens errants, la conduite est sportive…

On passe dans des bleds peu éclairés ou l’on peut distinguer une mosquée, et des maisons en fin de construction, certaines sont presque en ruine, des voitures cabossées ça sent la pauvreté, on est très loin du rutilant Istanbul à façade et vitrine européenne que l’on a vu quelques heures auparavant seulement.

Le van braque à droite et attaque une route sinueuse qui s’enquille dans une vallée, puis çà monte enfin. Au détour d’un virage, de la neige, juste une petite pellicule, le chauffeur commence à fumer de la clope, stress ou besoin de concentration ?

Trois virage plus loin, notre van qui est une propulsion part en sifflet et s’arrête.

Petite pause au grand frais au milieu de nulle part, les trois cm de neige sur la route sont posés sur une bonne couche de verglas, Néné coupe le contact et descend confiant pour chercher les chaines dans le coffre, la pompe à spatule s’avance puis zippe et voilà le Néné assis lourdement mais gentiment sur l’asphalte …

Néné met la chaine de droite puis alors qu’on fait le tour pour mettre l’autre, Néné et son pote la jettent dans le van et redémarrent pensant qu’une seule suffit. On fait 20 m, l’autre pneu fume, le van guidonne, la chaine saute, rebelote, on finit par leur faire comprendre qu’il faut les deux chaînes. Elles sont finalement installées, seulement Néné enquille les rapports et il faudra les remettre après lui avoir expliqué dans un anglais de Marseille qu’il faut pas trop lancer le turbo dans ces conditions.

La route s’arrête à Ayder et y a plusqu’à ride …
Les maisons sont bardées de neige, un truc presque incroyable et irréel tellement on a rien chez nous.
Il est 4h du mat et on a posé notre matos sur le bord de la route, l’hôtel est 500m plus haut dans un champ, on pose les housses sur un petit chariot accroché à une tyrolienne pour acheminer le tout là-haut. Une heure de sommeil plus tard, il est 5h du mat, et là, ce n’est pas le réveil qui sonne ni le coq ni les flics, mais le chant du muezzin, tu sais, ce chant lent, mystérieux, alambiqué, beau, enivrant mais un poil agaçant quand on a dormi qu’une pauvre heure.

Après un rapide petit déjeuner à base de saucisses de poulet on chausse directement les skis au sortir de l’hôtel pour traverser un champ de poudre en guise d’apéro et se poser devant le parking de l’écureuil affrété par Yak&Yeti.

De jour, Ayder, c’est juste le fond d’une vallée encaissée, une seule route avec une rivière bordée de forêts abruptes d’un côté et de l’autre des champs ou sont posés des hôtels et des chalets en bois, comme un petit air de Valais Suisse. Ambiance paisible.

Il fait grand beau, il y a de la neige sur les toits comme à l’ancienne et 30 de fraiche datant de la veille scintillent au soleil du matin, là, çà sent vraiment bon…

Deux groupes se forment 5 personnes et un guide, les consignes de sécurités de déposes sont données, chacun est briefé par le guide sur le fonctionnement du sac ABS et de l’ARVA, le matos est vérifié. Les premiers tours de rotor font monter un poil la pression. Après des mois de disette, on peut enfin se dire que çà va être bon.

Le ventilo s’élève au dessus de la vallée le spot est immense, des faces offrant des runs allant de 500 à 1000m de déniv environ, le tout déroule sur de la pente de 40° à 30°, parfait pour faire du grand ski.

Certaines grosses faces semblent ridables et sont striées de gros couloirs, la dépose n’est pas possible sauf à se faire hélitreuiller, pour bien faire faudrait les remonter à pied au moment idéal, mais là n’est pas notre but qui consiste quand même à se gaver de la poudre bien fraiche, faut pas se le cacher.

Sur une petite crête on peut distinguer la mer noire, le ski avec vue sur mer reste une sensation ultime. On est 10 sur le spot, le run s’engage c’est l’occasion de s’échauffer et de tester la stabilité du manteau neigeux. Les crêtes ont été soufflées, laissant apparaître des barres rocheuses granitiques de couleur ocre. Le départ des runs est parfois miné de plaques à vent et les cailloux ne sont pas loin, difficile de tenir compte de ces paramètres quand on est mort de faim depuis le mois de décembre, les skis se souviendront longtemps de la petite touchette du granit Turque…

Le reste se fait à base de bonnes séries de courbes bien grasses, les fats permettent de rider au dessus mais aussi de s’envoyer un bon spray de poudre le moment venu, tout en snowboard style, que du bon !

En fond de vallée on arrive souvent sur de petites bergeries d’été presque imbriquée les une aux autres écrasées sous la neige, de quoi rider quelques toits, quoique gaffe à l’effondrement de l’édifice au take off !!

D’autres runs s’enquillent depuis une crête et déboulent sur une bonne forêt de résineux bien raide du genre forêt chartrousine (se dit la forêt de Chartreuse).

La forêt c’est tout un univers, un spot ou tous les repères sont brouillés, les sons sont différents.

La forêt, c’est là où les virages s’enchainent sans que tu puisses voir la fin du run, là où tu peux croiser une bestiole au creux d’un arbre, mais surtout, c’est là où la neige n’a pas trop travaillé, où elle reste la plus profonde, bref, c’est là où on se poudre le nez à chaque virage. Aux 30cm de fraiche dont on a parlé plus haut se sont rajoutés les 50 posés les jours précédents là c’est du gras, tout s’enchaine comme dans du coton, frénétiquement, méthodiquement au fil des passages, la session tourne à l’orgie !

A la fin de la descente, tout le monde affiche un sourire presque niais, celui du drogué qui vient de se shooter d’un run de poudreuse en forêt, égoïstement et en toute discrétion, un sourire qui en dit vraiment long sur le moment vécu …

Il est quinze heures, la journée s’arrête sur ce run feutré, le dernier d’une quinzaine, tous à base de grosse poudre. Demain il fait encore beau, il reste encore trois vallées à explorer et à déflorer en y posant des bonnes grosses courbes.

Retour à l’hôtel, une rapide bière alors que l’appel à la prière retentis pour la dernière fois de la journée, il reste juste à prier pour que les prévisions météos de demain s’avèrent justes et que la poudre soit de retour en France, puis ensuite on filera s’étirer aux bains turques, desfois qu’on y croise un certain macintosh …

Hélico
Bien sûr, tous les runs qu’on a pû faire au cours de ce trip n’ont été possible que grâce à l’hélico, nous avons fait 25 pures déposes en deux jours de ride.
J’en entends certains qui diront « ouais, encore un trip hélico à base de pollution sonore et plein de kéro bien gras ».
Pour ce qui est du débat de la dépose en hélico, nous on a eu la chance d’être posé par un hélico électrique (naan je déconne), plus sérieusement, quoi qu’il en soit, « l’hélico c’est de la merde, sauf quand on est dedans ».

Guide pratique

Préparation
Ici c’est un peu particulier, compte tenu de la singularité de la formule, tout est bordé par Yak&Yeti. Il ne reste juste qu’à caller la période visée, avoir le luxe de se tailler au moment ou les conditions de neige et météo sont bonnes, quitte à se mettre une bonne session autant, ne pas se tromper, ne reste plus qu’à réserver un billet avec une assurance annulation et le coup est fait.

Papelards
C’est simple, il faut juste avoir un passeport qui doit être valide pendant encore six mois après le retour.
Pas besoin de visa, ce qui rend plus fluide les démarches.

Istanbul vol et transfert
Le vol se fait en deux phases, d’abord vers Istanbul au départ de Lyon, Genève, Paris, Marseille ou autre, puis ensuite Istanbul Trabzon.
N’hésitez pas à caler quelques heures de transfert à Istanbul pour faire une rapide visite d’Istanbul et se caler le meilleur kebab de toute la terre, un thé et deux trois barquettes de pâtisseries de compétition du genre baklava, çà vaut vraiment le détour.

Vérifications
Vu que vous aurez le temps à Istanbul, à l’aéroport n’hésitez pas à aller au débarquement des bagages de votre vol même si vous êtes en transfert, desfois que vous ne voyez pas vos bagages sortir avec ceux des autres passagers qui eux s’arrêtent à Istanbul, çà permet d’être sûr que vous n’allez pas recevoir vos fringues de ski deux jours après, c’est juste du vécu…

Tarifs
Yak et Yeti propose plusieurs formules en voici deux exemples:

Tarif Journée heliski: A partir de 790 € inclus 4’000 mètres de dénivelé – non inclus hôtel et Transfert, (compris dans la prestation : Forfait héliski, Transfert héliport, panier repas pique nique, encadrement Guides UIAGM, matériel de sécurité, skis).

Le prix ne comprend pas:les boissons, frais de visa, l’assurance annulation, maladie et rapatriement, vol jusqu’à Trabzon A/R, excursions et visites éventuelles, chambre single, dénivelés supplémentaires transfert aéroport hôtel aéroport.

Tarif Séjour Discovery Week Days : 1’990 € (Tarif par pers – arrivé les jours 1,2 et 3 de la semaine – inclus 2 jours heliski, 2 nuits, transfert aéroport et 10’000 mètres garantis) compris dans la prestation forfait Heliski (10’000mètres) transfert Aéroport Hotel Aéroport** transfert Heliport quotidien panier repas pique nique, Hôtel *** en chambre double (1/2 pension)** encadrement Guides UIAGM, matériel de sécurité skis.

Le prix ne comprend pas: les boissons, frais de visa, l’assurance annulation, maladie et rapatriement, vol jusqu’à Trabzon A/R, excursions et visites éventuelles, chambre single, dénivelés supplémentaires.

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