Cachemire – station de Gulmarg
Vieux souvenirs
La vie d’une passion comme celle du ski est parfois marquée par des étapes, certains souvenirs, certains faits marquants sont parfois des déclencheurs, certains faits marquants sont parfois des déclencheurs …
L’apparition de Skieur Mag ou le RDV freeride de Denis REY aux 7Llaux. L’un des premiers évènements de freeride dans les années 98-99. Le soir après une bonne session on avait pu voir le film d’un trip ski, par D LAFARGE « Kashmir ». L’histoire de trois riders (Denis REY et Consorts) qui partent en trip à la rencontre d’un ancien, un personnage un poil mystique , une légende du ski extrême des années 70 : Sylvain SAUDAN. Ils vont rider avec lui dans sa base d’héliski en Himalaya, au Cachemire. L’histoire d’une vraie aventure skis aux pieds, un truc lointain, puissant avec des rencontres des sons, des odeurs des paysages incroyables de la montagne, du ride de la poudre, tu sais le truc ultime du ski : le ski trip.
Je n’ai plus de magnétoscope, j’avais croisé Daniel LAFARGE lors d’un vieux mondial du ski aux Deux Alpes. Au coin d’un comptoir, je lui avais timidement demandé si il y aurait un jour une version dvd de ce film mais finalement, je ne sais pas (Daniel si tu m’écoutes). Quoi qu’il en soit çà fait plus de 10 ans que ces images flottent dans ma tête, comme un refrain visuel bien lancinant, des flashs poudreux qui piquent fort les yeux. Peut-être que le destin m’amènerait un jour là-bas.
Dans ce film on voit les riders, un jour de mauvais temps visiter la seule station du Cachemire : Gulmarg. Cette partie du sujet est assez émouvante car ils apprennent aux locaux à skier, on y voit un télécabine posé sur un endroit presque plat, de quoi avoir un petit sourire en coin : un télécabine sur un endroit plat alors qu’on est sur les contreforts de l’Himalaya çà semble un peu causasse. Seulement aujourd’hui, voilà déjà presque 6 ans que le second tronçon du télécabine est construit et qu’il te monte directement à 3950m d’altitude, et là, ça fait tout de suite moins sourire, c’est là que le potentiel de semble d’un coup très préoccupant pour tout énervé de la bonne courbe en bonne poudre.
Quoi de mieux que d’aller faire un tour là-bas, aller rider dans un pays vraiment différent, faire la connaissance des cachemiris pour se plonger dans toutes ces ambiances. Partir pour finalement réaliser ces souvenirs, passer du ride par procuration à la grosse session de poudre qui pique version chiken massala. Le trip est vite calculé. Si tout va bien, ça coutera moins cher qu’une semaine dans un spot français, bref un ticket pour se satelliser dans un endroit fou, faire du pur ride se mettre une grosse piquouse et engranger encore des images et des flashs pour 10 ans minimum (enfin j’espère).
Fin du contact avec l’ordinaire
Partir en Inde pour se gaver tranquillement de poudre c’est tracer loin en plein cœur de l’Asie. Le break est important. L’arrivée à Dehli passe souvent par quelques heures (12 pour nous) de confinement dans une salle de transit, gentiment gardé par un sergent-chef qui laisse sortir les passagers au compte goute. Après quoi et fort de cette bonne expérience de promiscuité et de foule, il est temps de trouver de quoi se brosser le chicot, j’avise une pharmacie pour trouver de la pâte à dent. Quoi de plus normal de vouloir payer avec l’un des gros billets du dictionnaire que j’ai en poche, je sors un billet de 10000 roupies, autant dire qu’il aura du mal à me rendre la monnaie. L’herboriste sera déconcerté l’espace d’une seconde et me rendra la monnaie pour partie en pastilles pour la gorge, no problem my friend, bienvenue en Inde!
Après l’escale fleuve à Dehli, il ne reste plus qu’un petit vol d’une paire d’heure pour Srinagar, capitale de Jamu et cachemire. Le zingue se pose tout simplement dans une base militaire, au travers du hublot on distingue des hommes en arme des automitrailleuses, des gonzes qui font des rondes sur des motos surveillant chacun son périmètre, ils sont calés comme des métronomes la zone est sous haute protection. Ça sent la guerre froide et le terrorisme à plein nez. Tout çà s’explique assez facilement. On va la faire rapide : l’Inde et le Pakistan se maillochent le cachemire depuis les années 40 du siècle d’avant. La province de Jammu et Cachemire est donc ultra militarisée car elle est en première ligne face à l’ennemi pakistanais. Le Pakistan contrôle les territoires du cachemire du nord et l’inde la province de Jammu et Cachemire. Là-dessus le Pakistan a cédé un bout de sa zone à la Chine ce qui ne fait rien pour arranger les choses. Rajoutes à ce contexte géopolitique la complexité des religions tantôt hindouiste tantôt musulmanes voilà juste de quoi changer de pays en restant en inde mais juste en changeant de région. Tout çà pour dire que si on y va pour rider, on n’est pas à l’abri d’une situation géopolitique à priori stable et qui bascule d’un jour à l’autre, (tout çà me rappelle un ski trip en Arménie on est partis une semaine avant les élections présidentielles qui se sont terminées en guerre civile à Yerevan…)
Une fois récupéré le matos et rempli les derniers questionnaires des dédiés aux visiteurs touristiques, la sortie de l’aéroport se fait parmi le foules des conducteurs de tacos. Notre contact nous attend et on s’enquille dans un 4×4. On passe tous les check points de sortie de l’aéroport, à proximité des militaires partout avec véhicules de combat, tout cela se mêle finalement aux échoppes et magasins pour finalement se diluer dans Srinagar. Srinagar c’est un bon plan de circulation routière à l’indienne, tout au klaxon, on passe à trois ou quatre de front, on freine quand une vache ou une horde de chiens traverse, on dégage pour éviter un touc touc, un gars en biclou avec un chargement de paniers, un autre crée un bouchon avec sa carriole tirée par un âne.
Le tacos s’extirpe peu à peu de la labyrinthique Srinagar. La route s’enchaine en direction de Gulmarg, enfin on n’en sait rien car pour l’instant pas de montagnes à l’horizon on traverse une plaine. Cette est bordée de champ souvent inondés, parfois le bas-côté de la route est squatté par des maisons faites de bric à brac et tôle, (ici on appellerai çà des bidonvilles), des successions d’échoppes, ou l’on vend des produits importés, de fabrication artisanale à base de récupération, la pharmacie côtoie le garagiste qui prête un bout de magasin au marchand de fruit et légumes qui organise en même temps la vente de bouteilles de gaz avec le plombier, plus loin de la téléphonie mobile çà vend des jantes et des enjoliveurs de bagnoles, le tout est survolé par un imbroglio de fils électriques à faire flipper le moindre électricien marocain ; bref simplement du tout et n’importe quoi en toute en toute décontraction et simplicité , un peu au milieu de la route.
En inde, la route est finalement un vrai lieu de vie ou l’on peut facilement distinguer toutes les castes sociales, tant humaines qu’animales.
Au bout d’une bonne heure, la route se redresse, on traverse Tangmarg qui semble être le dernier bled avant la montagne, çà fait déjà quelques temps que les champs sont enneigés sans pour autant nous exciter plus que çà. La route poursuit et s’enroule en lacets dans une vielle forêt de résineux.
Les panneaux indiquent Gulmarg à environ 15 bornes, bientôt la fin de presque 30 heures de voyage…
De route il ne reste que du blanc et le tacos avance sur des ornières de neige et de glace, on s’aperçoit alors que notre tacos un 4×4 Tata rutilant n’est en fait constitué que d’une caisse d’apparence 4×4 car mais en simple propulsion et qui part en vrille à tous les virages, le chauffeur slide en klaxonnant et esquive les bus et autres tacos qui descendent. Finalement il s’arrête pour mettre les chaines, enfin la chaine. On repart sans trop d’encombres la caisse semble accrocher, on en déduira que ces bagnoles ont un train arrière sans différentiel…
La route serpente à flanc de montagne, il tombe des patates, partout des bords de route et des talus à rider, des pilows lines dans tous les sens le tout recouvert d’un bon mètre de neige qui semble bien poudreux autant dire que, çà pique vraiment même après deux jours de voyage.
Tout çà débouche à Gulmarg un petit village posé sur un plateau entouré de forêt à environ 2600m d’altitude, du moins c’est ce qu’on distingue entre les flocons.
« No problem my friends you can manage »
Si l’ambiance du trip n’était pas déjà posée alors j’en rajoute une petite couche.
On nous regarde avec des grands yeux, “You have reserved a room in our hotel?
We don’t have the information! The hôtel is full. We don’t have room for you.
Voilà les premières phrases qu’on entend en pensant poser nos bagages peinards dans notre piaule. On est dans le hall de l’hôtel Sahara, une vielle bicoque datant de 1938 tout est sombre, la porte est un tapis suspendu, il y flotte une forte odeur de pétrole brulé, tout est très humide tu sais, l’ambiance à te révéler le moindre début de commencement d’arthrose.
Le tapis porte bouge et un kahsmiri rentre, il me reluque de la tête aux pieds et finit par me dire « how much for your shoes my friend ?? » Désolé vieux mais j’envisage moyen de rentrer en tongues.
Pour finir on nous ouvre la porte d’une chambre. Notre hôte nous fait visiter la chambre, les murs sont des cloisons en contreplaqué peints en marron d’il y a trente ans, ils sont gondolés par l’humidité. La salle d’eau est séparée, la douche est un tuyau qui sort du mur, les branchements du chauffe-eau circulent derrière la chasse d’eau, en cas de cour circuit, çà sent la chaise électrique à plein nez…. Notre hôte nous annonce calmement que le chauffe-eau ne marche pas. Il perçoit comme une pointe de déception de notre part et comprend vite le malaise, il argumente : « no problem my friend you can manage with that ! ». Bon ben le soir y faudra juste mettre des fringues qui font douche avant d’aller guincher …
Plus tard, Il nous ramène un chauffage à gaz qu’on allume rapidement. L’atmosphère de la piaule se réchauffe dans une ambiance humide, çà condense rapidement et il pleut depuis le plafond…
Pour la nuit il faudra l‘éteindre en raison du danger d’asphyxie.
Nous croisons Anna une néo-zélandaise, elle habite au-dessus d’un resto, c’est son tout premier trip, , elle y passe 3mois elle a des rêves de ride plein la tête. Elle nous dit que les sessions sont bonnes et que comme on est mardi, c’est le jour du brief sécurité hebdomadaire.
Après avoir erré dans Gulmarg, on pousse la porte (enfin le tapis) d’un back-packer, on sent que çà brasse après la session. La salle du bar est comble, pas de locaux tapant le carton mais de pleins de gonzes du monde. Çà braille, çà clope, çà fume en buvant de la bière, çà parle russe, espagnol, et angliche, beaucoup sont australiens et néo-zélandais. Nous qui pensions pas croiser grand monde, va falloir se lever tôt demain.
Brian le canadien responsable de la sécurité du spot, met en route son vidéo projecteur. Au programme un topo sur le spot, une mini formation sur les avalanches et un topo appuyé sur les conditions de neige. Le risque du moment, c’est un bon gros 3 après une chute de neige de 30cm,bon, demain c’est ambiance « no friends in powder days » donc une bière un suppo et au lit.
Cahemiri turns
Il semble faire beau, il doit faire un bon 4° dans la chambre. Je me jette dans des fringues et vais faire le point à la fenêtre. Après avoir gratté le givre je peux confirmer qu’il fait beau.
Le pass en poche, nous entrons dans l’enceinte du télécabine. Les forfaits sont checkés deux fois avant qu’on s’enquille dans un œuf Poma datant du début des années fun du monoski. Un second tronçon doit nous poser à 3900m. A la descente à la gare intermédiaire on comprend vite que ceux qu’on a vu hier au brief sécu étaient venus sans leur potes, une centaine de personne est déjà campée là, fats et swallows en main, tous attendent fébrilement l’ouverture de « La Gondola ». Ça parle russe comme au fin fond de la Sibérie. Un sac ABS et une quille de vodka pour seule assurance vie et puis davaï.
L’avantage de faire la queue c’est qu’on peut checker le spot. Justement, les nuages éclatent et il s’illumine. On est à 3000m environ, la gondola nous posera sur une crête. A gauche une bonne dizaine de combe, séparées d’un plateau, bordées de petits couloirs, le tout est parsemé de bouleaux bien énormes et on est sur un 30 de fraiche, le tableau est juste incroyable. Les combes les plus pentues sont lacérées de grosses cassures d’anciennes avalanches, des plaques qui sont parties au sol. C’est là que le briefing du Brian prend tout son sens et puis comme dirait Sylvain SAUDAN, « en montagne, il ne faut pas compter sur la chance mais ne pas avoir de malchance. » Tout le jeu est de rester lucide sur les conditions et le danger au départ du run. Les trente de poudre qui sont posés-là vont partir en fumée au fur et à mesure que les courbes s’allongent, une combe s’ouvre, elle se laisse déchirer, les bouleaux défilent, les slashs s’enchainent reste plus qu’à rejoindre la gondola avec un sourire béat en travers du visage le nez encore poudré de flocons cachemiris.
A droite du terminus, il y a juste à monter un peu et par gravité on accède facilement à deux grosses combes avec une bonne vingtaine de lignes chacune. Tous ces runs ont leur propre nom, au sommet à droite il y a Gondola bowl, Apharwat bowls, Four sisters et encore Singing trees, si jamais c’est pas bon là, tu peux aller sur la gauche au sortir de la Gondola et rider Sheenmai bowl, ou Shaggy’s face, puis décaler encore vers Trajan bowl ou encore Saffron bowl puis enchainer à Drang village mais faut commander un tacos sous peine de se faire dix bornes à pied.
Si c’est fermé, il y a la forêt derrière l’hôtel, c’est Monkey Hill, une colline qu’on atteint en 10 minutes de marche, le chemin parcourt la totalité de la crête sommitale ; alors tu commences par rider les premières lignes au départ du après le sommet et tu décale rotation après rotation, la fin du run c’est sur la route qui passe devant les hôtels. Monkey Hill, c’est de la forêt bien raide et très éclaircie avec des bumps dans tous les sens, du ride ludique mais intense et bref et quand c’est poudre, on dans une pure ambiance de Chartreuse, de la ouate de la glisse et du silence…
Le spot est tellement grand que t’envisage même pas de te faire poser en hélico, (çà s’est fait, c’est bon je n’aurai pas d’embrouille avec les cafistes).
Mid Gondola
Après avoir fait connaissance avec le spot au travers de quelques runs poudreux, on fait un rapide stop à l’intermédiaire l’histoire de casser une graine.
L’intermédiaire de la Gondola est un microcosme un peu à part, un spot dans le spot. Le premier tronçon étant complétement flat et peu intéressant c’est le passage obligé, de tous, ici c’est comme à la plage de La Grande Motte début juillet, on y croise de tout, du russe et de l’étranger venu rider, des soldats armés de kalachs qui checkent bien que tout et tout le monde est sous contrôle, de l’indien non cachemiri venus voir la neige pour la première fois avec maman, de la star de cinoche version boliwood avec douze gardes du corps, des guides qui vendent leur engagement, des vendeurs de babioles chocolatées et autres sodas qui font que tu seras pas lâchement victime d’une hypoglycémie en fin de session. On y croise beaucoup de chiens mais bizarrement pas de chats. Dans le sous-sol de la gare du télé il y a Ahmzour et son resto, on y mange bien et pour pas cher, à condition de ne pas aller voir les cuisines …
Après une bonne cuisse de chat massala, on envisage de finir la session par une ligne qui semble tirer en direction de l’hôtel, enfin ce qu’on voit à 4000 depuis le mont Apharwat. La direction visée, on s’enquille sur un run interminable dans des combes sans fins puis dans la forêt, tout est poudre, et il y a seulement 5 traces devant nous. Arrivé à la fin d’une combe, une route. Devant nous un russe qui nous dit qu’il faut marcher jusqu’au village de Drang, le chemin défilant on rejoint le groupe de russe et leur guide cachemiri. Enfin le bled de Drang. On discute avec les russes pour s’entasser dans leur tacos, tout le monde est content ça divise le prix. Le matos est sanglé sur le toit par l’assistant du chauffeur.
A priori, c’est juste une tranche de vie ordinaire, mais suffit simplement de prendre un peu de recul car le tableau est en fait bien décalé. On est deux français en fin d’un run improbable, skis aux pieds au Cachemire, on monte dans un tacos avec des russes, il est 17 heures et le muezzin se met en route comme dans tous les pays musulmans mais surtout comme en Orient, plus loin on distingue un singe en train de faire les poubelles, décalage et mélange de sensations les voilà les bonnes vibrations du ski trip.
Les deux jours suivants seront à l’image de celui-ci, des runs de poudre, une ambiance incroyable, des gens hospitaliers avec qui on cause facilement, ce qui permet de ressortir un vieux bagage d’angliche de notre vieille cinquième de collège.
Babareschi day
Ici, si tu veux faire le point avec maman tous les soirs, faut oublier car il n’y a pas de réseau international, juste du wifi par ci par là dans les back paker l’histoire de checker vite fait les sondages de qui aura ou perdra son nouveau boulot de dans 5ans. Un rapide point météo nous permet de savoir que les jours suivants seront blancs à base de neige et donc sans Gondola. Au détour de plusieurs conversations on entend dire que quand c’est fermé en haut tout se passe dans la forêt et notamment à Babareschi Trees… La chance nous fera rencontrer une bande d’australiens venu en trip ici trois semaines entre potes pour l’enterrement de vie de garçon de l’un d’eux…Ils ont un guide qui nous montera la fameuse ligne.
N’oublie pas qu’on est à 2600m et donc comme vu la veille, le grattage du givre de la fenêtre laisse apparaitre un bon jour blanc, il est tombé 20 devant le Sahara Hôtel. Les australiens sont sur le pied de guerre devant, le faux 4×4 qui doit nous poser au départ de la ligne. Fin de la route, il faut marcher sur un chemin au milieu de la forêt. C’est Mustagh le guide Cachemiri qui marche devant, derrière lui les australiens, la tête dans le guidon et puis nous, hallucinant tout au long du chemin sur le nombre fou de lignes et de pillows lines à rider.
Mustagh s’arrête dans un virage et se retourne vers nous, le sourire jusqu’aux oreilles, tel un gamin qui vient de retrouver son un trésor, on est au départ de Babareshi. Il pose ses skis, quitte ses gants de jardins avec lesquels il ride et s’allume un clope le temps que le groupe soit prêt.
Devant lui part une ligne qui verse à environ 35° dans une vieille forêt très espacée et parsemée de champis. Finalement, on enquille, la fébrilité se transforme très vite en frénésie poudreuse, les champis sont décapités les uns après les autres, çà vole, çà poudre et çà ride au taquet, les australiens sont derrière et on talonne le guide. Tout çà nous ramène sur un chemin, on s’y laisse glisser croisant des Cachemiris comme sortis de nulle part.
Plus loin, un panneau indique la direction de Babareshi Temple. Mustagh nous explique que cet endroit est très visité notamment l’été cause qu’il se serait passé un truc entre Allah Mahomet et un gonze, bref un truc vraiment spirituel, la résultante c’est qu’il y a ici un temple et une belle mosquée. L’endroit transpire la sérénité, tout est silencieux, la neige qui tombe rajoute une grosse touche d’ambiance feutrée à ce décor effectivement spirituel.
On décide de quitter les australiens pour tenter la visite du temple. Le militaire en faction nous explique que ce n’est vraiment pas possible. Au détour d’une rue, un Cachemiri nous invite à boire le thé. On pousse le tapis d’entrée pour déboucher dans une salle sombre, devant nous, assis sur une couche son père tire énergiquement sur un narguilé à moitié bouché. Ils nous souhaitent la bienvenue dans leur maison, laquelle se résume à une pièce de vie. Pas de placard pour ranger des fringues, de la nourriture, ou autre chose, juste des clous au mur desquels tout pend, une sorte de version Cachemiri de la fameuse penderie Alikea. Le réseau électrique se résume à un fil et serpente sur le pourtour de la pièce alimentant tantôt une radio tantôt une ampoule, bref le spot un peu roots que même Antoine De Maximy s’y verrai bien dormir. La conversation ne s’engage pas vraiment, c’est étrange, on passe un bon moment à tiser le massala tea comme çà, sans trop causer. L’ambiance finit par peser un peu alors on décide de rentrer à Gulmarg. Dehors il tombe des pizzas, encore un bout de run poudreux nous mène dans un hameau. On avise un flic qui nous entasse dans un tacos avec des locaux, 15 personnes en tout, avec des femmes, des enfants et des étudiants. L’ambiance est particulière, c’est le plein contraste entre deux civilisations, la nôtre, nous qui sommes sapés en fringues de skis tendance version occidentale et la leur orientale, traditionnelle et simple. Les femmes sont voilées et réservées, les enfants nous regardent intrigués, un poste de radio diffuse une zic bien indienne, ça sent l’encens et personne ne parle, le tacos déambule sur la route enneigée pour nous poser sur la place du village de Tangmarg 15 bornes plus bas. Tangmarg c’est le dernier bled avant la montée pour Gulmarg et les villages de montagne alentours.
Une place de village tous commerces, des échoppes colorées, du taxi et des bus partout, chacun négocie sa destination, des rues boueuses, des chiens et des singes posés sur le toit des magasins, on est juste sur une autre planète… La fin du trip se fera sans la gondola, fermée pour cause de poudrage permanent on ira se calmer avec du ride forestier et ouaté, des tacos pour remonter et des nouvelles rencontres à chaque run. On ride tout ce qu’on peut comme si on allait manquer, mais surtout car demain c’est le retour. On lâche rien et le départ du dernier run se fait un peu tard, qu’importe, c’est tellement poudré et bon que trop n’est jamais assez. En bas, au détour d’un virage, on déboule sur la route de Gulmarg un 4×4 pile, c’est le chef de la police du coin et son lieutenant, plutôt amusés de la situation, ils nous embarquent et nous ramèneront tranquille à Gulmarg.
La suite est un stop à Srinagar pour une nuit dans les houses boats de la petite Venise indienne, retour progressif dans l’autre monde, notre monde.
Partir un peu loin pour rider peut sembler parfois compliqué, improbable, mais au cachemire, tout devient finalement simple et humainement très riche.
Guide pratique
Visa et billet et trajet
D’abord le visa faire sa demande grâce à des imprimés trouvés sur le net, et envoyer le tout à l’ambassade d’Inde à Paris, le visa est obtenu sous 10jours.
Toutes les infos : http://www.vfs-in-fr.com/
Pour le billet on est partis en février, (la meilleure période pour la poudre), pris 15 jours avant, il nous a couté 950 €, vol Genève/Zurich, Zurich/Dehli et Dehli Srinagar.
Il existe d’autres trajets, notamment en passant par Dubaï, l’histoire de se satelliser un peu plus et passer un coup en été avant de filer rider, l’important est d’arriver en mi-journée à Srinagar pour avoir le temps de gérer tranquille la phase Srinagar/Gulmarg pour laquelle il faut compter 3 heures et tacos et pas plus de 1200 Roupies.
Il y a plein de taxis à la sortie de l’aéroport. Vous pouvez vous grouper pour partager les frais.
Deux trois détails à ne pas oublier pour éviter de tuer son trip …
Bien se laver les mains plusieurs fois par jour, ne pas boire l’eau du robinet, ne pas manger de légumes pas cuits ou peine de chiasse violente.
Partir avec un fond de trousse à pharmacie pour gérer ce genre de mauvais plan.
Pognon
1 € = 69 .9457 Indian Roupies
Le portable le net et le wifi
Au Cachemire, pas de réseau international donc pas de portable. L’idéal est d’avoir un portable qui fait grille-pain pour pourvoir envoyer du mail et checker les prévisions météo dans les hôtels qui disposent du wifi mais çà varie selon l’humeur du tenancier et les coupures d’électricité.
Restos
Pour le soir, une adresse, le Bakshi restaurant, on y mange bien, local, bon et pas cher. Sinon le midi, le restaurant à mid Gondola est cool.
Gaffe aux épices, mais pour le reste, les chickens, le riz, les nans, chaque plat est un voyage.
Hotel
Les standards cachemiris sont pas les mêmes qu’au formule 1 de Vierzon nous on a fait çà à la roots au Sahara hôtel, mais on peut trouver d’autres hôtels avec d’autres prestations, sinon dans le simple et le roots, deux adresses, le Bakshi Backpacker ou le Global, ambiance skibum cool et abordable.
Le forfait
Professionnel ou non il n’est pas négociable car c’est géré par le gouvernement :
Un lift depuis le bas jusqu’à l’intermédiaire : 500 Roupies
Le forfait « one day pass » : un lift depuis le bas jusqu’à mid gondola et le télésiège : 750 Roupies
Une fois à mid gondola, c’est comme aux Grands Montet une montée coute 250 Roupies à vous de voir selon le programme de la journée et la météo.
L’hélico
Il existe une base d’hélico, l’idéal pour apprendre le Russe et rider dans une ambiancede consommation, carrément dommage de zapper la bonne ambiance du Cachemire sachant que la gondola permet du ride qui n’a rien à envier aux lignes de dépose qu’on a vu faire.
Sécurité : chaque mardi soir, c’est le meeting sécu à Pine Palace Hôtel ….
Pour toute info complémentaire pratique http://hivermonde.com/
Liens et remerciements
- Le site web de photographe professionel Xavier Ferrand.
- Thanks à Julbo, Eider, Rossignol.